samedi 2 février 2008

Le réchauffement climatique du Crétacé n’aurait pas empêché la glaciation

Publié le vendredi 1er février 2008.

A l’heure où la fonte de la calotte glaciaire Antarctique s’accélère et où les inquiétudes vont bon train quant-à son devenir, une nouvelle étude paléoclimatique révèle qu’il existait des glaciers lors la période à fort effet de serre du Crétacé, il y a 91 millions d’années.

Cette étude, parue dans le magasine Science, et menée par des chercheurs de la Scripps Institution of Oceanography de San Diego (USA), vient de démontrer que même à cette période de réchauffement extrême où la température des océans tropicaux était de 10 °C plus élevée que la température actuelle, il existait des glaciers dont la superficie pouvait atteindre 50 à 60 % de l’actuelle calotte glaciaire Antarctique.

Pour en arriver à de telles conclusions, les auteurs se sont penchés sur l’étude de microfossiles marins, les foraminifères, déposés au fond de l’océan pendant la période de maximum thermique du Crétacé, il y a 91 millions d’années. En effet, ces microfossiles qui constituent d’excellents marqueurs stratigraphiques, sont également de très bons indicateurs en terme de paléoclimatologie. Ainsi, l’analyse géochimique du test de ces foraminifères permet aux climatologues de connaître de façon précise les conditions environnementales passées, à savoir température et salinité de l’eau de mer.

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Figure 1. Vue au microscope électronique à balayage de 2 espèces de foraminifères, M. sinuosa et W. baltica, utilisées pour l’étude paléoclimatique du maximum thermique du Crétacé, il y a 91 millions d’années.

Pour cette étude, deux techniques isotopiques indépendantes ont été abordées. La première analyse consistait à comparer les isotopes stables de molécules d’oxygène présentes dans les tests de foraminifères de faible et grande profondeur. Pour la deuxième technique, un enregistrement des températures de la surface océanique a été déduit de l’analyse des isotopes stables des tests de microfossiles de la surface océanique. Les deux méthodes ont démontré qu’il existe une corrélation entre les changements de composition chimique des océans, à l’époque étudiée, et la croissance d’une calotte glacière.

Ces résultats sont en adéquation avec d’autres études paléoclimatiques menées en Russie et aux Etats-Unis, et selon lesquelles, le niveau des mers aurait diminué de 25 à 40 mètres à la même époque. Pour Richard Norris, professeur de paléobiologie à la Scripps Institution, et coauteur de l’article publié dans Science , « Cette étude démontre que même pendant le maximum thermique du Crétacé, une période de réchauffement extrême, la température n’était pas assez élevée pour éviter la formation de glace ». Selon les auteurs, les climats à effet de serre du passé pourraient avoir favorisé la croissance de la glace en augmentant la teneur en humidité de l’atmosphère, ce qui aurait provoqué davantage de chutes de neige en hiver à haute altitude et aux latitudes polaires.

Les résultats de cette recherche pourraient ainsi s’avérer être de précieux indicateurs à l’heure où les scientifiques s’interrogent sur les scenarii et les conséquences du réchauffement climatique actuel.

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Figure 2. La falaise d’Etretat, en Normandie, est constituée de tests fossiles de foraminifères datant également du Crétacé.

Brève proposée par Astrid Lerouxel

Sources :

A.Bornemann, R.D. Norris, O. Friedrich, B. Beckmann, S. Schouten, J.S. Sinninghe Damsté, J. Vogel, P. Hofmann, T. Wagner. (2008). Isotopic evidence for glaciation during the cretaceous supergreenhouse. Science. 319 : 189-192.

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