vendredi 25 janvier 2008

UN DOGME QUI AGACE

Le mathématicien attaque,la climatologue réplique
25 janvier 2008 - JEAN BONNARD
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUELe mathématicien valaisan Jean-Claude Pont émet de sérieux doutes sur le phénomène. Réponse de la climatologue Martine Rebetez, qui a pris connaissance de la thèse de l'Anniviard.



Le climat se réchauffe. Personne n'ose plus douter de ce qui relève du dogme. Les scientifiques ramant à contre-courant - en osant des questions - ont quasi disparu de la scène médiatique. Ce qui agacele professeur mathématicien Jean-Claude Pont qui assure qu'ils sont nombreux à dénoncer la pensée unique: à cause de nos voitures et de nos usines, les océans noieront ceux qui n'auront pas grillé au soleil...

Thèse sur l'internet
Un tour sur l'internet démontre que la dispute entre ceux qui savent et ceux qui doutent monte plus sûrement que le niveau des océans. Ce Valaisan, connu pour sa liberté de parole et ses compétences scientifiques, relève le défi lancé: «Que pensez-vous du réchauffement climatique?» Il répond au-delà de nos espérances dans un article impubliable par un quotidien, faute de place. Nous le diffusons donc intégralement sur le site www.nouvelliste.ch

En résumé, l'alarmisme autour du réchauffement climatique dramatique repose sur des modèles si complexes que plus personne n'est à même de les gérer. S'il dénonce le dogme, il se félicite de la prise de conscience mondiale de l'impact des activités humaines débordantes: «On ne peut pas poursuivre impunément dans cette voie». Extraits

«Une hypothèse pas démontrée»
Parmi ses conclusions, Jean-Claude Pont estime que l'hypothèse du réchauffement climatique est encore loin d'être démontrée: «Il est contraire à la déontologie scientifique d'affirmer (en l'absence de preuves) que le climat se réchauffe d'une manière anormale; c'est oublier tous les moments de l'histoire où l'on a observé - et en dehors de l'activité de l'homme - des augmentations ou des diminutions de température bien plus importantes. La déontologie scientifique exige que l'on présente ce réchauffement comme une hypothèse sur laquelle on peut travailler, mais qui est encore loin d'être démontrée. Il est contraire à la déontologie scientifique d'affirmer (en l'absence de preuves) qu'il est prouvé que cette minuscule augmentation de température moyenne (qui n'a d'ailleurs aucun sens scientifique) est due au CO2 ou à un effet de serre. Il y a malhonnêteté scientifique à affirmer (en présence de preuves du contraire) que les prédictions des modèles présentent une quelconque garantie. En sens inverse, il y a malhonnêteté scientifique et politique d'affirmer (en présence de preuves du contraire) que les activités humaines débordantes des temps modernes sont sans effet sur notre planète et que l'on peut impunément poursuivre dans cette voie.»

Comme les prévisions météorologiques?
Ensuite, le mathématicien évoque la récupération de ce thème du réchauffement climatique. Lui préfère la comparaison avec les prévisions météorologiques. «On a quitté le domaine du scientifique pour entrer dans celui de la secte et du religieux (au sens large). Il suffit de procéder à ce qu'on appelle une analyse sémantique des termes du discours pour le sentir. J'entendais, il y a quelques jours, une représentante des instances onusiennes, interviewée par un journaliste de la Radio romande: à un rythme démentiel de 4 à 5 occurrences par minute, elle psalmodiait (j'utilise ce mot à dessein) l'expression «réchauffement climatique»... Le plus grave est ceci et devrait suffire à ouvrir les yeux à quiconque regarde l'ensemble de la question sans préjugé. La prévision météorologique est un passage obligé vers la prédiction climatique. La prévision climatique utilise les mêmes instruments - lois de la physique et de la chimie, modèles, ordinateurs - que la prévision météorologique. Comment dès lors prédire avec précision le temps qu'il fera dans un siècle alors qu'on n'est pas en mesure de dire celui qu'il fera dans une dizaine de jours?»
Enfin, il évoque la dimension politique du réchauffement: «Les Verts - je ne pense ici qu'à ceux qui ont intégré le parti par simple opportunité politique et qui n'ont pas la moindre idée sur le fond scientifique du débat - grâce à ces terreurs organisées, remplissent leurs escarcelles de bulletins de vote bel et bon... Il est temps que les verts de cet acabit rougissent. Dans le problème majeur pour notre temps que constitue la pollution en général de la planète et la disparition des énergies fossiles, l'éventualité d'un réchauffement climatique ou d'un effet de serre est la question la moins urgente... Il faut mobiliser les gens - ce que font les climatologues d'aujourd'hui - sur les problèmes de l'environnement et de la santé de la planète, mais il faut les mobiliser sur des problèmes prioritaires et démontrés... Respecter la nature, c'est aussi ne pas dire n'importe quoi sur elle...»

«BASÉE SUR DE VIEUX MODÈLES»

VINCENT FRAGNIÈRE
Martine Rebetez, professeur de climatologie à l'Université de Neuchâtel, a accepté, pour «Le Nouvelliste», de lire et de commenter la thèse du mathématicien Jean-Claude Pont.

Martine Rebetez, Jean-Claude Pont affirme que le réchauffement climatique n'est qu'une hypothèse, rien de plus. Que lui répondez-vous?

Que les climatologues n'ont jamais évoqué des preuves établies à 100%. En 1995, nous avons affirmé qu'un faisceau d'indices existait pour évoquer un réchauffement de la planète dû aux gaz à l'activité humaine. En 2007, l'ensemble des climatologues sont d'accord pour déclarer qu'il est probable à plus de 90% que l'accélération du réchauffement soit dû à l'activité humaine. Il est impossible d'avoir des preuves irréfutables, mais il y a eu une évolution très importante des recherches entre 1995 et 2007. Et celle-ci n'est pas prise en compte dans la thèse de Jean-Claude Pont.

Que voulez-vous dire par «n'est pas prise en compte»?

La théorie du mathématicien valaisan est basée sur des observations et des modèles datant des années 90 et qui avaient effectivement bien plus de failles que ceux d'aujourd'hui. Entre 1990 et 2007, grâce à une critique perpétuelle de nos modèles d'analyse, nous avons pu énormément réduire ces failles.

Dans sa théorie, Jean-Claude Pont fait souvent référence à un autre scientifique qui partage son point de vue, le Français Claude Allègre. Vos théories ne font donc déjà pas l'unanimité dans le monde scientifique....

Tous les climatologues évoquent un réchauffement de la planète dû à l'activité humaine. Les quelques scientifiques qui remettent en question ce constat appartiennent à d'autres domaines comme les mathématiques pour Jean-Claude Pont. Mais je peux comprendre son raisonnement...

C'est-à-dire?

Les références qu'il a choisies dans sa thèse sont des livres ou des articles de vulgarisation. Un scientifique de haut vol peut y trouver plusieurs failles. Il devrait se documenter directement auprès des revues scientifiques pour pouvoir se poser les bonnes questions et suivre les débats en cours.

Et quelles sont-elles, ces bonnes questions?

Concernant les océans, par exemple, l'important est de savoir comment et à quelle vitesse ceux-ci vont augmenter leur volume. La notion de vitesse est essentielle. Depuis les années 70, ce réchauffement s'est passablement accéléré et l'important est ce qui va se passer dans les dizaines d'années à venir. Non pas pour la Terre qui, elle, survivra aisément à ce phénomène. Mais pour les conditions de vie, surtout humaines, sur la planète.

Rappelez-nous justement vos prévisions de climatologue jusqu'en 2050?

Jusqu'en 2050, les mesures prises dans le monde pour réduire les émissions de gaz à effet de serre auront peu d'effets, car ce n'est qu'à long terme qu'elles auront une influence déterminante. Si elles ne sont pas réduites pendant les prochaines décennies, les conséquences pendant la deuxième moitié du siècle seront encore bien plus lourdes...

Vous avez contribué à un rapport sur les changements climatiques et la Suisse en 2050. Sur quelles données vous êtes vous basé?

Le rapport prend pour base un réchauffement du climat de la Suisse jusqu'en 2050 d'environ 2 degrés en automne, hiver et printemps et de presque 3 degrés en été. Ce rapport montre aussi que les précipitations augmenteront d'environ 10% en hiver et diminueront d'à peu près de 20% en été et surtout que leur variabilité va augmenter.

Justement, Jean-Claude Pont affirme qu'on ne peut prédire le temps qu'il fera en 2050 alors que l'on n'est pas en mesure de dire celui qu'il fera dans une dizaine de jours?

Encore une fois, la comparaison n'est pas la bonne. Sous nos latitudes, dans un climat tempéré, tout le monde constate que les variations de température peuvent être importantes en très peu de temps. En climatologie, contrairement à la météorologie, on prévoit des tendances à long terme, pas le temps qu'il fera un jour précis ou même une année précise.

Vous prétendez que Monsieur Pont se réfère trop à des travaux de vulgarisation scientifique. Cela signifie-t-il que ces derniers ne correspondent pas à la réalité des recherches?

Non. Cette vulgarisation est obligatoire pour livrer des informations à la population et au pouvoir publique. En Suisse, j'estime d'ailleurs que le niveau de connaissance du citoyen est bon. Mais tout exercice de vulgarisation a ses limites et est facilement critiquable, notamment par d'autres scientifiques. Mais ce risque mérite d'être pris et assumé.

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