lundi 29 octobre 2007

Protocole de Kyoto: le CO2 a bon dos

 

Canicule en Europe, vagues de froid en Afrique et chutes de neige en Inde: on attribue aujourd'hui tout cela au réchauffement de la planète. En effet, depuis cent ans la température moyenne de l'air à la surface de la Terre s'est accrue de 0,3 à 0,7 degrés Celsius. En Sibérie orientale et en Arctique, la température s'est élevée de 3 degrés depuis le début du siècle dernier.

Protocole de Kyoto: le CO2 a bon dos

Par Iouri Goloubtchikov, de l'Université Lomonossov, pour RIA Novosti
On suppose que le réchauffement se poursuivra en raison de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère: la vapeur d'eau, le gaz carbonique, le méthane, l'oxyde d'azote et tout un ensemble de substances contenant du chlore en font partie. Ils laissent passer les rayons du Soleil, à l'instar du verre dans les serres, tout en absorbant les émissions calorifiques que la Terre émet en direction de l'espace. La vapeur d'eau joue le rôle principal dans l'effet de serre, alors que le gaz carbonique, considéré comme le principal coupable, n'est à l'origine que de 4% de la quantité de gaz à effet de serre.
C'est pourquoi toute une série d'éminents savants affirment que ce n'est pas la concentration de plus en plus importante de gaz carbonique dans l'atmosphère qui est la cause du réchauffement, mais bien l'inverse. Il suffit que la température de l'océan s'élève ne serait-ce que d'un degré pour que d'immenses quantités de gaz carbonique pénètrent dans l'atmosphère à la suite du processus d'évaporation de l'eau: la surface des océans contient 57 à 60 fois plus de gaz carbonique que l'atmosphère.
Bien que le lien entre le réchauffement de la planète et l'accroissement de la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère ne soit pas prouvé, les fonctionnaires internationaux ont proposé la mise en place du protocole de Kyoto. Ses signataires se sont engagés à réduire de 5% avant 2012 leurs émissions de CO2 par rapport à 1990. C'est une quantité infime car l'air contient très peu de gaz carbonique: seulement 0,037%.
La production industrielle de la Russie a baissé par rapport à 1990. L'adhésion au protocole lui a alors offert la possibilité de vendre son quota d'émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère. C'est la raison pour laquelle Moscou a ratifié le protocole de Kyoto en 2004. Cependant, personne n'a encore acheté ses quotas.
En revanche, si le secteur énergétique et l'industrie rattrapent leur niveau de 1990, ce qui est tout à fait possible d'ici deux ans, le pays, à cause de ces quotas d'émissions, tombera sous le coup d'un contrôle écologique rigoureux géré depuis l'étranger. Le gaz carbonique ne présente aucun danger en tant que tel. Au contraire, il est nécessaire à la photosynthèse des plantes. Si le gaz carbonique cesse de pénétrer dans l'atmosphère, les plantes épuiseront leurs réserves au bout de 8 à 11 années seulement.
Le principal problème avec le protocole de Kyoto se résume à ceci: selon ses prévisions, en cas de réchauffement et même sans essor économique, la Russie produira une quantité colossale de gaz carbonique. Avec le réchauffement climatique, les tourbières sibériennes éternellement gelées passeront de l'état de "dépôts" de carbone à celui de sources colossales d'émissions de gaz carbonique. Elles recèlent des réserves d'hydrates de gaz, contenant du carbone sous forme de cristaux de glace. Si elles venaient à fondre, les hydrates solides se transformeraient en gaz, émettant ainsi d'énormes quantités de méthane et d'acide carbonique.
Seule une analyse isotopique onéreuse permet de distinguer le carbone naturel du carbone d'origine anthropique. Ce genre d'analyses ne sont pas prévues par le protocole de Kyoto. Autrement dit, ce dernier deviendra un moyen standard de faire payer l'air à notre pays.
En théorie, la Russie pourrait s'abstenir de payer pour l'air de ses vastes étendues et pourrait même en tirer profit, en exigeant par exemple l'introduction de quotas de consommation d'oxygène compte tenu de ses possibilités en matière de renouvellement de l'air. En effet, les forêts russes sont la principale source d'oxygène pour l'atmosphère terrestre. Grâce à elles l'air du pays se distingue par la plus haute concentration d'oxygène sur Terre. Selon de nombreuses estimations sur la consommation d'oxygène lors de la combustion et de la corrosion, l'humanité aurait déjà détruit, au cours du siècle dernier, environ 1% de l'oxygène présent dans l'atmosphère. En outre, la surface des forêts se réduit de plus en plus sur la planète.
La Russie serait donc menacée non pas par le réchauffement de la planète, mais par les accords internationaux conclus pour lutter contre ce réchauffement. La formation du marché international des quotas de CO2 (bourse du carbone) pourrait être lourde de conséquences pour le pays. Aujourd'hui ils visent le gaz carbonique, demain ils concerneront "l'énergie sale", après-demain la superficie: puisque la Russie est le plus vaste pays du monde, qu'elle dédommage la petite principauté de Monaco et tous les autres.
Iouri Goloubtchikov est chercheur à la faculté de géographie de l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou.
(Publié dans le journal "Nezavissimaïa gazeta" le 10 octobre 2007. Version abrégée)
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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