lundi 14 mai 2007

«Il y a 20 000 ans, il faisait plus chaud qu'aujourd'hui»


Le scientifique et ex-ministre du gouvernement Jospin publie sa «vérité sur l'état de la planète». Dubitatif sur le rôle de l'homme dans le réchauffement global, il veut surtout trouver des solutions réalistes. Interview résolument à contre-courant


Antoine Menusier - 12/05/2007
Le Matin Dimanche

Son livre est vendu comme coup de gueule anti-Hulot. «Ma vérité sur la planète», le nouveau pavé de Claude Allègre, vaut mieux que cette étiquette réductrice. Rencontre avec le professeur à l'Institut de physique du globe de Paris, où l'ancien ministre de l'Education nationale part en guerre dans un nouveau livre contre «la clique écologiste» et sa théorie de la décroissance.

Contre quoi vous battez-vous?
Claude Allègre: Contre la peur et la résignation. Il y a des problèmes posés à la planète par l'activité humaine, mais je ne suis pas sûr que l'influence la plus importante de l'homme soit sur le climat. Je suis d'avis qu'il faut résoudre les problèmes et non pas les dénoncer sans proposer de solutions réalistes.

Qu'est-ce qui n'est pas réaliste?
Il n'est pas réaliste de dire qu'il faut arrêter de se développer, de se déplacer en avion, d'utiliser la voiture. C'est une attitude négative, régressive mais surtout idiote, car personne ne suivra cette ligne qui nous ramène aux cavernes. Il y a des choses plus urgentes à faire, comme la lutte contre la raréfaction de l'eau. Dans le monde, 50 000 personnes meurent chaque semaine du manque d'eau potable. Nicolas Hulot, dans son «Pacte écologique», ne propose rien là-dessus.

Tandis que vous, dans votre livre...
Mon livre est là pour inciter à l'action. Je veux démonter que la solution de tous les problèmes que l'homme pose à la planète peut être un levier pour stimuler la croissance économique. Je m'oppose à la théorie de la décroissance.

Nicolas Hulot est le porte-drapeau, du moins en France, de cette théorie. Comment expliquez-vous qu'il ait le vent en poupe?
Il est animateur de télévision. Il doit son succès aux médias qui l'ont déifié. Comme Cousteau en son temps, qui faisait des émissions sur la mer et qui, du coup, était devenu l'expert du monde marin.

Pour vous, Nicolas Hulot, José Bové et Al Gore sont, dans l'ordre, le bon, la brute et le truand. C'est-à-dire?
Nicolas Hulot se trompe sur sa vision et ses solutions, mais il ne fait rien de répréhensible. José Bové, c'est en effet la brute, qui détruit des OGM et qui casse des policiers à Davos. Ça m'est totalement insupportable. Il doit retourner en prison. C'est tant mieux. Quant au truand, Al Gore, l'ex-vice-président de Bill Clinton, il fait de l'argent en utilisant des peurs terribles. Il dit, par exemple, que la mer va monter de 6 mètres. Peut-être, mais dans quelques milliers d'années, pas dans cent ans.

Il y a à la base de l'agitation qui vous énerve une idéologie qui a inspiré le «Global Warning», un avertissement général, une prise de conscience à l'échelle de la planète, d'où découlent divers protocoles, dont celui de Kyoto, qui s'attaque aux émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est pas rien.
Cette idéologie, c'est le refus du progrès. Je suis pour le progrès. Voyons ce qui se passe. Il y a d'une part un changement climatique. Il y a d'autre part, due à l'homme, une augmentation du gaz carbonique dans l'atmosphère et, dans l'hémisphère Nord, depuis trente ans, une certaine augmentation de température. Mais au dernier interglaciaire, il y a 20 000 ans environ, il faisait plus chaud qu'aujourd'hui. Ce qui me distingue de toute cette clique d'écologistes, c'est que je ne pense pas que ce changement climatique soit dû à 100% à l'homme. Autrement dit, ce n'est pas la réduction du gaz carbonique dans l'atmosphère qui empêchera que le changement climatique continue.

Que faire?
Adaptons-nous. Faisons comme les hommes ont toujours fait.

Quelle est votre méthode?
Chaque fois que l'homme invente de nouvelles technologies, il provoque des bons économiques. Si demain les voitures sont toutes hybrides en alimentation énergétique, il y aura un boom profitable pour tout le monde. Le problème, c'est que les gens ne comprennent rien à l'économie. Ce qui fait aujourd'hui l'économie, c'est l'innovation, beaucoup moins la production.

Beaucoup de monde pense que les OGM sont dangereux. Pas vous?
Il n'y a pas de danger d'OGM. Ceux qui le prétendent disent des fadaises. Les OGM permettent de fabriquer des plantes qui consomment moins d'eau et qui n'ont pas besoin d'insecticides ou de pesticides. Les OGM sont le meilleur outil pour dépolluer la planète.

A quoi attribuez-vous les peurs face à ce que vous qualifiez comme étant le progrès?
Au déclin de l'Europe. L'Europe se fait des autocritiques pour avoir été colonialiste. L'Europe a peur de son passé, pendant ce temps le reste du monde se développe.



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«Ce qui me distingue de toute cette clique d'écologistes, c'est que je ne pense pas que ce changement climatique soit dû à 100% à l'homme» Claude Allègre

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A lire

«Ma vérité sur la planète», Claude Allègre, Ed. Plon-Fayard, 237 pages, 2007

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